Sacs en plastique en Algérie: Pourquoi il faudra traiter la maladie et non seulement ses symptômes...
En Algérie on se demande parfois si nos plages sont encore vraiment de sable...(Photo: Tedjani Karim)
Chaprire 1:
« Tout se consomme, tout se jette, rien ne doit durer ... »
Ou le principe du mal des temps "modernes"
Notre utilisation systématique et quotidienne des sacs en plastique pollue massivement l’environnement! Et cela d'une façon le plus souvent des plus durable, voire irrémédiable; dès lors qu’ils se décomposent en une poussière que l'air en mouvement charrie sur toutes les natures de nos paysages; comme un vent mauvais.C’est une triste réalité, qui n’a guère besoin ici de longues démonstrations pour être acceptée par la plupart d’entre nous. Il suffit de regarder tout simplement autour de soi pour s’en rendre compte ; nos villes , nos quartiers, nos immeubles, nos maisons sont les premières victimes apparentes de cette invasion.Dont le terrain d'action et d'influence est bien plus vaste qu'on ne pourrait le penser...
En Algérie, pour réaliser cela, on n’a encore moins besoin d’apprendre que de véritables continents en plastique, invisibles et intangibles, ont également envahis la majeure partie de nos mers. Quid de nos terres ; et même de nos corps. Puisque en ce début de 21ème siècle, ces millions de tonnes de particules toxiques ont colonisé la quasi-totalité de la chaîne alimentaire mondiale. Mais il faut néanmoins se rendre compte que, là où vous voyez des centaines de sacs en plastiques, en Algérie, comme ailleurs, il y en a peut-être des milliers qui se sont déjà éparpillées en micro poussières, dans l’atmosphère que vous respirez, la faune et la flore, les sols, l’eau, les insectes qui vous entourent et que notre monde ne fait plus qu'influencer néfastement.
La chasse au plastique en tous genre est lancée! Et ce n’est plus un combat qui parait aussi perdu d’avance, du moins qu’aux temps des plus grisantes euphories consumméristes du siècle dernier. Mais, doit-on pour autant considérer qu’elle pourra se faire sans générer d’autres impacts écologiques ? On pourrait, par exemple, se demander si tous les palliatifs au sac plastique, que nous proposent nombre de campagnes contre ce fléau, sont aussi écologiques que l’on voudrait bien nous le faire croire. Enfin, cette croisade mondiale contre le plastique en sacs, suffira-telle à vraiment régler le problème bien plus qu’en substance ?
Je vous propose de tenter ensemble de répondre à ces questions à travers une serie d'articles dédiés à cette réflexion. "Ensemble", car il n'y aucune vérité établie dans les lignes qui vont suivre, mais seulement un avis que je partage avec vous. En espérant qu'il vous donnera envie d'affiner le vôtre, comme de critiquer intelligement certaines des positions que je dévelloperai dans ce dossier éditorial.
Il me semble, tout d'abord et pour entrer enfin dans le vif du sujet, que trop de gens occultent l’origine la plus profonde d’un tel phénomène, certes dramatique à bien des égards, mais dont l'ampleur n'est pas aussi nuisible que son foyer.
Notamment en oubliant de rappeler que la pollution qui sévit outrageusement en Algérie n’est pas la maladie dont nos sociétés de masse sont à vrai dire les coupables victimes. Il s’agit plutôt d’un de ses plus flagrants symptômes, voire même un de ses plus efficaces agents pathogènes. Cette volonté d'éradiquer cette pollution de nos vies, ô combien louable, mais d’un certain point de vue seulement, ne doit pas nous empêcher, d’un tout autre côté, de chercher vraiment au fond du panier le véritable nœud où prend source cette dégradation environnementale. Tous ces sacs en plastiques dans la nature, parasitant l'horizon de nos campagnes et nos cités urbaines, ce n’est malheureusement que la face la plus visible de l’iceberg; et non ses racines. C'est pourtant là qu'il faut chercher quand on veut traiter un mal en profondeur.
Bien entendu, il faudrait en finir au plus vite avec ces sacs en plastiques, et, dans l’urgence, endiguer déjà les plus visibles manifestations de cette proliféation. Nous devons tous et toutes , ne serait-ce qu’à l’échelle de nos quotidiens, militer tant qu’activer contre cette mauvaise habitude prise, d’ailleurs, il n’y a pas si longtemps de cela. Quand on y regarde de plus près, cela fait à peine une vingtaine d’années que les sacs en plastiques ont littéralement colonisé nos comportements. Cela ne doit pas pour autant nous dédouaner d’une certaine prise de conscience encore plus large. De la dénaturation de l’être humain, l’état d'être tant que le verbe, subie depuis que nos habitudes « locales » ne servent plus que des idées « globales ». Leurs desseins ne sont d'ailleurs pas toujours des plus sympathiques à l’égard de notre condition d’humains; dans un monde ou l’humanisme a pris le pas sur l’humanité...
Nous devons réfléchir dans la durée, également, et ne pas seulement agir dans un instant qui nous est que trop souvent suggéré par des campagnes dont on ne s’interroge pas toujours assez sur l’intention commerciale qui pourait se profiler dans leurs coulisses. L’action sans la mûre réflexion, est le plus souvent sujette d’une impulsion. N’est-ce pas justement de nos pulsions, de notre émotivité, de nos opinions toutes faites, dont se nourrit le mieux l’idée que nous voulons combattre à travers le dénie de cette pollution ? Et non seulement de se contenter de s’opposer aux choses qu’elle matérialise. Pour s’imposer à nous comme une évidence tronquée. Il est question ici à la fois d’un éco-suicide que d’un crime contre une Humanité que l’on empoisonne à petites doses délicieuses, certes, mais quotidiennement assassines.
A qui pourrait bien profiter financièrement toutes ses campagnes pour les suppressions des sacs plastiques ? Cette question doit se poser avec encore plus d’instance dans nos pays en voie de développement. Que valent surtout les propositions de rechange qui sont le plus généralement invoquées par ces lobbyings supposés seulement citoyens ? Qui va de nouveau rafler toute la mise d’un tel bouleversement sociétal ?
Celles et ceux qui y participent sincèrement, avec les meilleures intentions du monde, ont-ils vraiment cherché à répondre à de telles questions, pourtant essentielles. ? Si l’on veut, entre autre, éviter de devenir les "idiots utiles" d’un système qui aspire à durer de croitre sans limites en feignant les vertus de la sobriété écologique. Car autant confier à une meute de loups la bergerie! Pensant qu’il suffira de les peindre en vert pour qu’ils se mettent tout d’un coup à devenir les meilleurs gardiens du troupeau!
Je le répète, il faut en finir avec la pollution et, plus particulièrement celle des sacs plastiques distribués aux consommateurs, jusque-là gratuitement ; avec une véhémence d’ailleurs toute calculée par nos commerçants. En Algérie, où la grande distribution se dilue encore dans une constellation de petits et moyens commerces, le sac plastique est arrivé avant même que les supermarchés et les centres commerciaux ne se mettent progressivement à sortir de terre, tels les cratères de volcans en action, vomissant leurs coulées de déchets toxiques à travers monts et vaux, dans nos villes, nos villages, jusqu’à souiller même la virginité du Sahara.
A mon humble avis, il ne suffira pas de se munir tout simplement d’un panier-couffin en matière végétale et d’invoquer avec une louable nostalgie un retour au « bon vieux temps », le plus souvent idéalisé dans nos mémoires. Non que l’idée soit mauvaise ou réactionnaire à exprimer ; bien au contraire, c’est l’idée, et donc les principes qu’elle porte en elle dont il faudrait surtout s’inspirer. Ce n’est pas l’objet en lui-même que l’on doit retenir, mais la manière de vivre qu’il supposait. Car la forme et les matières traditionnelles de l’idée « goufa » ne peuvent aujourd’hui correspondent idéalement au contexte démographique, sociologique, économique et même écologique de l’Algérie contemporaine. Nous reviendrons plus tard plus en détail sur cette affirmation qui ne devrait pas choquer celles et ceux avec qui je partage bien plus qu’une certaine nostalgie de l’Algérie de nos ancêtres.
De même les sacs de remplacement en amidon qui nous sont vantés 100 pour cent "écolos" ne peuvent que nous rappeller l'épidode pittoresque du "bio carburant" en France. On sait très bien, en Europe, depuis cette aventure que l'utilisation de matières végétales dans une fabrication de masse nescessite forcement le recours à l'agriculture de masse et donc son lot de pesticides, de déforestations, de paysans cancereux à force de semer eux même la mort dans le ventre de la Terre et de nos corps. Qui y a-t-il d'écologique en cela; à part de passer de Charyble à Scyla?
Savez-vous que, déjà en Algérie, pour la vannerie traditionnelle, on importe déjà de l'osier et que la culture intensive de cette resource végétale a de sérieux impacts néfastes sur l'environnement des régions étrangères qui les cultivent?
Quid de sac prétendument biodégradables qui ne font en fait que se reduire en poussière plus vite; bien plus microscopiques qu'avant, pour s'effacer plus vite de nos champs de visions; mais aussi pour s'infliter dans l'estomac d'être vivants encore plus petits dans notre chaîne alimentaire. Enfin, comme pour le raphia, l'Alfa ou le Diss qui servent à fabriquer nos goufa traditionnelles, il faudrait se dire que passer au tout sac papier aura beaucoup d'impacts sur nos forêts, nos cours d'eau si nous les fabriquons localement pour répondre à la demande à laquelle repondaient ces sacs plastiques "jetables". Pour moi, plus que toute autre solution, les sacs dits " oxo" sont à bannir totaement de notre mix contre les sacs en plastiques!
En ce qui concerne les sacs bio compostables, il faudrait que l'opération de compostage soit vraiment appliquée dans des conditions de gestion très rigoureuse. Pour l'instant, l'expérience n'a pas été toujours concluante, autant à l'échelle privée, collective, qu'industrielle. La société algérienne en est-elle d'ailleurs capable en son état actuel? Le sort des CET, en Algérie, ne peut que nous faire pour l'instant quelque peu douter de cette possibilité. L'idée, cependant, me parait presque moins saugrenue que les deux précedentes. Mais , au fond, on ne fait ici que remplacer un outil par un autre sans penser qu'il faudrait surtout changer les habitudes de son utlisateur.
Mais revenons au fait indéniable qu’il ne faut plus accepter que les sacs plastiques demeurent un des accessoires incontournables de nos manières de consommer. C’est au fond rendre de ce fait archaïque une « modernité » que nous savons à présent toutes et tous dépassée ; à moins d’avoir une modernité de retard. C’est une prise de conscience des plus légitimes et salutaire, ne serait-ce que pour la pérennité de l’espèce humaine sur Terre. Elle l’est, notamment parce que la modernité industrielle est dangereusement écocidaire, mais aussi parce qu’elle semble avoir généré plus d’injustice qu’elle n’a déclaré vouloir en combattre. En à peine quelques siècle, cette injustice, n’a-t-elle pas pris dans le monde une ampleur climatique? Puisque, justement, on n’a de cesse à présent d’invoquer la « justice climatique » pour s’ingérer dans les politiques économiques de nations unies sous la bannière de l’ONU. N’est-ce pas, nous dit-on , l’hyper-industrialisation de nos sociétés qui est largement responsable des terribles bouleversements du climat mondial ? Toute cette fièvre climatique n’est-elle pas censée affecter en plus grande partie les pays du Sud ? Parce qu’ils ne sont pas assez développés pour les encaisser...nous dit-on également !
Il en va d’ailleurs de la même sorte d'inégalité que celle face aux changements climatiques, en matière de gestion de la pollution des sacs en plastiques. D'un coin à l’autre de la planète les réalités dans ce domaine différent. Ce sont les pays les moins industrialisés qui, paradoxalement, aujourd’hui, souffrent le plus au quotidien de cette pollution. Et ce au plus intimes limites de leur cercle de vie. Faute de maîtriser certains moyens, certaines technologies ; mais également d’avoir développé une certaine culture environnementale suffisamment présente dans l’esprit de leurs populations. Car qui dit produit exotique, importé, suppose de nouveaux bénéfices et inconvénients qu’il faudra identifier et assimiler pour ne pas en subir les plus néfastes conséquences. On a importé massivement la société de consommation industrielle dans notre pays, comme on peut encore avoir le permis de conduire une voiture sans jamais avoir eu besoin d’en passer l’examen...
A ce titre Il faudrait également critiquer avec insistance le manque de vision comme de responsabilité de la plupart des gouvernants de ces pays, dont le nôtre est un des plus caractéristiques dans cette fâcheuse tendance. Les défaillances d’une nation sont avant tout celles de leur gouvernance et, en matière d’environnement, il est trop facile de critiquer le citoyen de toutes les tares écologiques quand on ne lui assure pas les conditions d’une conscience écologique. Autant condamner les poissons d’un aquarium, un écosystème totalement artificiel, de s’être adaptés à nager dans leur propre crasse ; quand les mains qui les y auront ont enfermé ne prennent pas le soin de ne serait-ce qu'en changer l’eau régulièrement ?
Voici donc quelques premières reflexions sur cette question qui, après la Tunisie et le Maroc, s'invite également en Algérie. Il faut encourager cette initiative dans ce qu'elle a de plus innocente et sincère. Il est également évident que nous ne pouvons plus fonctionner comme avant et croire en une Algérie sereine, propre et visionnaire pour les prochaines décénnies, si nous ne sommes pas déjà capable de relever un tel défi de civilisation.
Mais nous devons également nous interroger sur à qui et comment va profiter cette mort annoncée et presque programmée du sac en plastique "jetable". Nous verrons comment toute une industrie agricole pourra ainsi trouver de nouvelles débouchées d'exportation; tout une armada de machines, de formations, de maintenance et bien plus encore...
Au pays de l'or noir, si pauvre en terres cultivables et en eau, il faudra bien, une fois de plus importer tout cela. Quand on sait que notre pays est déjà un des tous premiers importateur de blé dans le monde, et que 80 pour cent de cette consommation est achetée aux agriculteurs français, que ces sacs en amidon sont largement fabriquée à partir de cette céréale, comme le maïs, alors on comprend mieux, je pense, qui aura le fin mot de cette histoire si nous ne dévellopons pas très vite nos propres remèdes à cette fièvre exotique de remplir nos vies avec le vide que contenait ces déchets d'emballages qui nous pourrissent la vie de l'extérieur comme de l'intérieur...
A suivre....