Dar,Douar, Dénia...Les potentiels fondamentaux d'une écologie algérienne...
Je rencontre heureusement des milliers de héros algériens qui, au quotidien , s'inventent ensemble une l'écologie algérienne unie et responsable...
Chapitre 8
Du rêve d'enfant à la réalité de l'adulte...
Nous avons tous et toutes des héros ainsi que des héroïnes en commun ; enfin, il me semble peu risqué de l’affirmer pour commencer cet article. Et cela est encore plus vrai, dès lors que nous considérons faire partie d’une même communauté, physique ou spirituelle. J’entends par là, d’être la particule d’un ensemble commun, de vivre l’expérience collective et intime d’une chose publique partagée. Cela me semble d’ailleurs être une tendance bien plus agréable chez la communauté humaine que son égal penchant à se créer des ennemis communs pour se fonder. Il est presque si triste à dire qu’il y a si peu de possibilités de grand héroïsme sans un aussi immense mal incarné à combattre en retour. Le héros nait ou renait toujours d’une injustice aussi énorme que son courage...
Il s’agit le plus souvent, dans l'esprit des gens, de dépasser de très loin le cadre d’une famille, de sa tribu, ou bien même, dans certains cas, d’une nation mère et patrie. Il y a bien des héros dont la renommée dépasse de si loin les frontières physiques tant historiques des territoires qui les ont enfantés. On a d’ailleurs coutume de penser que seules les grandes civilisations peuvent produire de grands héros ; autant qu’il y a tant d’illustres héros et d’héroïnes qui auront accouché de vénérables ou conquérantes sociétés.Je pense que de belles personnes, dans notre entourage le plus commun, peut créer autour de nous bien plus que cela. Il existe une manière bien plus sûre et humble d'être un héros pour ses paires.
De même, souvent, des divergences entre communautés actuelles se manifestent à travers les antagonismes passés qui persistent entre leurs glorieux héros respectifs. Pour moi de tels héros qui ne servent qu'à nous diviser, n'ont pas lieu de persister dans nos coeurs. Enfin, dans un monde où l’hégémonie culturelle est largement polarisée par quelques puissantes industries nationales de l’image, il est parfois difficile de s’identifier individuellement à tous ces héros supposés universels. Car, à mon humble goût, en tous les cas, la tendance la plus populaire de leur profil social et ethnique ne me rappelle que si rarement à mes origines les plus personnelles.
L’Occident glorifie l’image, l’Orient la sublime, voire la transcende. Il a beaucoup de clichés à dénoncer dans une telle affirmation, que je ne pourrais soutenir qu’à demi-mots. Mais il me parait évident que l’Icône trouve son apogée dans l’art chrétien, là où celui de l’Islam, profane ou religieux, doit composer avec une certaine orthodoxie vis-à-vis des représentations humaines. Sans forcément se limiter à considérer cette différence d’un point de vue purement religieux, je parle ici bien de matrice culturelle où, qu’on le veuille ou non, la religion exerce une influence souvent plus que millénaire. L’art chrétien, surtout catholique, sublimera l’amour des antiques pour les idoles ; là où l’Islam inspirera le plus souvent une certaine sobriété et recul vis-à-vis des images, leur préférant la lumière ainsi que le graphisme pur.L'Art asiatique et pharaonique donnera à la symbolique ésotérique toutes ses plus grandes lettres de noblesse, il me semble, sans être expert en la matière.
De nos jours, Harry Potter, Peter Parker, Bilbo le Hobbit sont des idoles plébiscitées aux quatre points cardinaux du monde industriel. Tous produits d’un Monde actuel supposé de plus en plus entier dans ses complexités, mais aussi ses richesses. La liste est si courte, cependant, des profils ethniques et sociaux bien particuliers qui perdurent parmi ces héros d’une société qui doit être mondiale et non seulement orientée par un certain mondialisme. Depuis au moins le 18ème siècle, le héros mondial est le plus souvent blanc de peau et au moins petit bourgeois, fils d'une noblesse désargentée, ou florissante; rarement un pauvre, ou bien un prolétaire.
Si l'on voit des Jedis noirs et même asiatiques apparaitre progressivement dans le mythe des temps modernes "Star Wars", l'Africain du nord n'est pas encore vraiment considéré dans cette épopée; à part les paysages desertiques et la stupidité d'éventuels hommes des sables, notre culture n'est que suggérée dans les modes architecturaux ou vestimentaires. Pour moi c'est un indice criant de l'ignorance de la valeur de notre nature. Nous avons dû nous même l'oublier pour qu'elle soit si muette dans la psyché globale de notre Siècle...
Pour tout vous dire, je me demande quel héros nord Africain a bien pu être un jour universel? Zidane, Madjer? Est-ce bien des héros?! Combien doit peser actuellement dans la tête ainsi que le cœur de nos bambins algériens ceux de la « Tawra » face à un Spider Man, ou bien un Captain América ? Les derniers sont pourtant de purs personnages de fictions, nos Moudjahid locaux sont censés ne pas l’être pour se prétendre authentiques. La question peut vous paraitre un peu farfelue à soulever, je l’entends bien, mais pourtant c’est un fait, interrogez vos enfants à ce propos ! Je ne parles pas ici de savants, de guerriers mythiques, ou d'artistes connus surtout de gens intiés; mais bien de héros populaires à l'échelle universelle.
Là où un Algérien voit le jour pour la première fois, alors une certaine façon d’être Algérien bien particulière aura maintes occasions de naître dans ce pays, à son tour. Cela est valable pour toute les natures ethniques. L’inverse, il me semble, n’est pas si évident. Je sais très bien que l’on peut naitre sur une autre Terre que son pays d’origine et se sentir toujours de cette nature humaine, avant toute autre école d’adoption.
Quels pourraient bien être ces héros communs à tout un peuple algérien produit d’une telle modernité ? Car c’est bien là, pour moi toute la modernité du Peuple Algérie actuelle et passée, sa nature exploratrice, voyageuse, alliée à un attachement très profond pour sa terre natale. Ma conception d’une Algérie digne de ce nom réconcilie deux forces jusque-là fortement antagonistes dans le modernisme occidental : tradition et modernité. Certes, pour certains et certaines, il y a ici conflit de nature entre ces deux concepts ; je pense pour ma part qu’il confondent peut-être modernisme et modernité, comme on pourrait croire que tradition veut dire traditionalisme.Mais je leur concède que l'Algérie actuelle est loin d'avoir fait encore la part la plus juste dans cet antagonisme qu'il faut rendre plutôt harmonie.
Nous avons également choisis autour de nous, comme par un heureux instinct enfantin, nos propres modèles humains à suivre, nos héros intimes. Le plus souvent, ce sont d’ailleurs ce genre de héros qui nous donneront les plus justes leçons à appliquer pour l’avenir. Certes, ils ont leurs propres héros, nationaux, universels, intimes. Ils sont eux même les produits d’une chaine d’héritage qui s’apparente à un cercle intergénérationnel, de valeurs parmi les plus nobles et justes que peuvent incarner un être humain local. Leur rencontre, mais encore plus partager des moments de leur quotidien, les observer, être même parfois fièrement liés par les liens du sang avec eux, tout cela fait de ces héros intimes de notre enfance les plus grands inspirateurs humains de nos destins d’adultes. Il y a de ces femmes et de ces hommes, souvent très humbles et fort anonymes, dont on bénira toujours le Ciel de nous avoir porté un jour vers eux...
Mais il me semble cependant que, là où persiste la mémoire de l’héroïsme, il se cultive en nous le plus souvent, d’un autre côté moins bénéfique, une certaine forme de mythologie erronée. On peut dire qu’elle est plus ou moins assumée ou consciente de la part de ses auteurs comme de leurs auditeurs. Elle peut donc être nationale, universelle, mais également intime. Il est d’ailleurs tout à fait possible de se mentir à soi-même, quant aux héros que l’on affirme admirer. On peut ainsi, enfant, s’inventer une image héroïque de quelqu’un qui nous paraitra des plus commun ou méprisable sous un autre regard plus adulte. D’où, la nécessité d’avoir toujours un certain recul vis-à-vis de toute forme de mythe. Sinon, le côté « mytho » de la chose prendra forcement le pas sur le caractère « logia » dont toute Histoire communautaire digne de ce nom devrait se réclamer.
Car, à mon très humble sens, les mythes et les symboles ne sont valables pour une société que si l’ensemble de ses sociétaires se donnent ou acquièrent par l’éducation la capacité de les déconstruire ; pour en fabriquer de meilleurs à l’avenir. Le tout doit être de respecter quelques principes fondateurs d’une certaine nature, fruit d’un environnement ; les piliers d’une Maâna, d’une geste, c’est-à-dire d’une manière collective et intime d’être humain. Les modes évoluent, la modernité reste bien de les dépasser pour les réinventer...
Mais, qu’en est-il de l’image de l’Arabe, du Maghrébin, du Berbère dans cette mythologie mondiale où tout nous confond dans un maelstrom de réductions ? Sachant que, dans les milles et une nuit, par exemple, Aladin est un asiatique et Simbad un Hindou, on comprend à quel point, depuis des lustres, ces cultures locales ne sont pas assez souveraines de leur image pour nous parvenir le plus authentiquement possible.
Si ce n’est dans notre mythologie nationale où, cependant, le puissant et conquérant vaincu reste au fond souvent le même objet de fascination. Ce qui rend valeureux ces héros de nos indépendances, c’est avant tout d’avoir bravés la valeur de ceux qui auront inventé l’Orient de Laurence d’Arabie ; je ne dis pas cela avec dédain ou bien ironie, mais avec une certaine amertume consciente d’un tel positionnement réducteur. Pour moi le premier héroïsme de mon peuple, c’est d’avoir su s’adapter harmonieusement pendant des millénaires à une terre aussi généreuse qu’hostile dans ses changements brusques.Sa plus grande lâcheté c'est d'avoir cédé certaines de ses valeurs essentielles pour des archaîsmes modernes comme des luxes aux saveurs vénineuses et sucrées, des paradis artificiels.
Ce qui n’empêche pas de se dire qu’une telle fausse fatalité est à vrai dire le plus beau et vrai défi que devrait se lancer toute la région dite du « Maghreb ». Nous avons le devoir de nous réinventer nos propres mythes réels. Moi, je nous vois comme les Médiantaux, les Peuples du Milieu, à la croisée entre le bleu et le rouge, un équilibre aux flagrances orangée et de vertes senteurs d’un printemps éphémère, inscrit dans cycle de saisons millénaire, actuellement en pleine mutation. Il y a donc un nouvel équilibre, un Tawazoun, à faire exister, autant par les voies du passées, les talents présents, que les potentiels pour demain.
A ce titre mon cousin Hamid, « simple » berger du nord-est algérien, il me dit souvent de l’Algérie où il est né que « ce pays est comme le soleil et les oueds, il monte, monte, puis redescend, meurt et renait à chaque fois... Si tu as cette mémoire inscrite dans ta boussole interne, alors tu ne te perdras dans aucun de ses déserts, qu’ils soient de sable, de verdure, ou bien de béton ... "
Si je me permets cette introduction pour reprendre le cours de ce dossier, c’est pour donner d’emblée la tonalité de l’article qui va lui suivre. Nous allons bien entendu y continuer de parler d’écologie algérienne et plus précisément tenter de lui insuffler toujours l’idée d’un Douar des Temps comme principe fondamental de son développement.
Quel rapport avec nos fameux héros et idoles ? Eh bien, celles ceux qui se seront instinctivement posée cette question, c’est peut-être qu’ils ont quelque peu oublié de penser comme des Algériens de Nature ! A mon très humble avis, la relation qui pourrait exister entre ces derniers, ainsi que la remise à jour d’une matrice traditionnelle, elle ne devrait échapper à aucun esprit Algérien qui aspire à voire le Monde sous le Prisme de toutes les subtilités et lumières d'un Couchant d’Afrique. Pour faire plus simple, il s’agit bien de parler d’environnement immatériel influant sur notre réalité environnementale.
Aussi, avant de vous conter quelques-uns de mes héros de l’écologie algérienne, moi le petit Parisien d’Algérie, je voulais vous donner envie de vous rappeler aux bons souvenirs de vos propres modèles. De-vous raconter en vous-même leur rayonnement sur votre vie. Et alors, je l’espère, vous comprendrez que nous parlons toujours bien d’environnement en faisant tel exercice mental pour parler d'écologie algérienne...