Ecologie et progrès sont-ils naturellement incompatibles?
Comprendre que lombric est le meilleur et plus écologique laboureur au monde, c'est une nouvelle forme de progrès...
L’écologie, à la base, c’est une science. Elle s’applique à observer et à étudier les espèces vivantes, leurs habitats, ainsi que les interactions entre elles au sein d’un même environnement. Cependant, progressivement, cette matière universitaire est également devenue le synonyme d’un courant de pensée et d’actions militantes qui s’est muté, au fil de ses évolutions, en une véritable idéologie politique: l'écologisme.
Ainsi, sans être forcément écologues, c’est-à-dire de vrais scientifiques, les « écologistes » occidentaux on fait du terme « écologie » le vert étendard avec lequel ils se sont lancé en croisade contre l’hyper mondialisation d'un "Homme" décrit comme industriellement égocidaie.
Ces écologistes d’aujourd’hui, il me semble, ont beaucoup de points communs avec les bolcheviks d’hier.. Comme si le rouge de l’anti capitalisme d’antan s’était transmuté en vert ; sous l’effet d’une longue alchimie dont l’anathor fut sans conteste alimenté par les feux et les foyers d’un monde totalement acquis à la cause de l’industrie. Ce changement de cap pour l’Humanité, porté avant tout par une forme d’énergie alors révolutionnaire, le pétrole, aura enfanté deux jumeaux terribles : le Capitalisme ainsi que le Marxisme.
Un Abel, babylonien par essence, avide de libéralisme plus que de liberté. Incapable de maîtriser ses appétits féroces, malgré toute la sophistication qu’il emploie pour paraître civilisé. Le Caïn de ce dernier, n’est pas aussi mauvais que que son frère est censé être bon. C’est juste que, tandis que l’autre a choisi d’exploiter la terre, lui aimerait cultiver les êtres humains comme on plante des haricots-rouges!
Aucun de ces deux frères à la fois ennemis et complémentaires n’a jamais remis en question sa parenté avec la révolution industrielle, mère du sacro-saint « Progrès Moderne ». D’un point de vue purement environnemental, ni l’abondance cancérigène du libéralisme, ni la frugalité autoritaire des régimes communistes n’ont su se développer sans de terribles pertes et fracas pour la biosphère mondiale ainsi que la qualité des environnements du monde entier.
D'un autre côté, dans les deux cas, cette régression écologique semble avoir portée en elle la démocratisation de nombreux privilèges jusque-là seulement réservés à une petite élite d'êtres humains. Comme la médecine de pointe, l’éducation et de nombreux conforts, dits « modernes ». Le Progrès, que l’on associe forcement aux Lumières. Sous lesquelles ont été couvées toutes les dernières révolutions occidentales. La doxa immuable, dès lors, de toute entreprise de civilisation...
L’écologisme mondial, sous couvert d’écologie politique, serait un peu un troisième frère prodigue de cette turbulente fratrie. Oublié par l’histoire, parce qu’il vient juste de revenir de sa traversée d'un désert; lorsque les premières frénésies de la surabondance industrielles rendaient ses discours presques futiles.
Ce petit poucet turbulent, empêcheur d’ogres de dévorer en rond, porte en lui toute la contradiction et l’espoir d’une nouvelle force électorale qui semble encore peu aguerrie à la realpolitik du nouvel écosystème qu’elle s’est choisie comme sphère d’action. Le monde des politiques est une jungle...
L’écolo « moyen » méprise la société de consommation bien assis confortablement dans un canapé en chanvre, tout en sirotant un jus de salsifis bio qu’il s’est fait livrer de Chine via le net. Tandis que l’altermondialiste enragé est prêt à risquer sa vie pour sauver celle d’un arbre. Tous les deux méprisent par principe les autoroutes, les aéroports, bref la technologie, nous dit-on. On nous les représente souvent comme des ennemis du culte « Progrès ». Pire, que beaucoup d’entre eux adorent plus ou moins en secret une nouvelle idole : la « décroissance »…
Heureusement, ce ne sont que des clichés. Mais les images d’Epinal portent toujours en elles leur part de réalité.Sinon, elles sont condamnées à faire de mauvais tableaux ignorés du grand public et donc de la postérité.
Il me parait tout à fait possible de concilier une action écologique à une entreprise économique, pour peu que l’on s’écarte un peu des passions et des opinions, pour en revenir à une approche plus scientifique de l’écologie. Pour en faire une science consciente ; capable de répondre à la fois aux attentes de la nature qu'à celles de notre espèce turbulente sur terre. Un peu comme la science exacte ne peut être que la meilleure voie qui mène à la compréhension d’une religion.
Les portes que doivent tout d’abord ré ouvrir l’écologie, de nos jours, sont celles de l’esprit d’une humanité enfin consciente de la fragilité de sa condition sur terre si elle persiste à penser que le PIB est le meilleur indice de progrès humain. Ne jamais fermer celles du dialogue avec les réalités d’un monde qui ne pourra changer sans le faire graduellement. L’écologie d’aujourd’hui, doit surtout préparer l’environnement de demain. C’est une entreprise qui ressemble beaucoup à celle de l’arboriculteur qui, jusqu’à son dernier souffle, plantera des arbres autour de lui, même quand il sera sûr de ne pas vivre assez longtemps pour en récolter les fruits.
L’économie, sémantiquement, est la gestion d’un foyer ; c’est donc la bonne gouvernance d’un environnement. La science n’est pas faite pour servir la politique des hommes, mais surtout pour les éclairer sur leurs politiques. L’écologie n’a ni besoin d’être au pouvoir, ni de s’opposer au progrès.
Comme tant d’autres sciences, elle doit au contraire participer à en redéfinir les contours fondateurs et nous proposer d’autres mode de vie plus écologiques et donc plus économiquement viables à plus ou moins long terme.C’est aux politiques d’être plus sensibles, dans leurs « multiparicularités »à l’écologie et non à elle de ses politiser.
L'écologie est une science de la nature et de l'humanité, cela me parait certes autant indéniable. Car le concept de nature ne prend tout son sens pour nombre d'entre nous que pour défineir tout ce qui n'est pas humain. Un peu comme le mot campagne n'existe que parce qu'il existe des villes. A l'instar du terme "biodiversité", ce que nous nommons nature est avant tout une dynamique, un mouvement en durable en constante innovation et donc une synergie de Progrès.
Le Progrès est un concept tout à fait subjectif et relatif à une époque. Il parait évident que celui du vingt et unième siècle a fait son temps. L'An 2000 est le celui, je pense, d'une probable mutation de l'industrie qui entraînera son lot de révolutions sociales et économiques. Elles seront donc environnementales, au sens de ce qui entoure et influence une société d'être humains habitant un territoire national.
L'Ecologie et le Progrès sont loin d'être antagonistes quand elle demeure une science. Et non pas devient un argument politique. Car la Nature qu'elle étudie porte en ellle beaucoup de clefs d'une économie vécue comme une quête de bien-être en commun, et non plus le culte d'un confort individuel égologique jusqu'à l'outrage planétaire...
De ce que l'écologie nous apprend de la nature; c'est qu'elle n'est ni Capitaliste, ni même Marxiste. Aujourd'hui cette expression tend surtout à définir tout ce qui n'est pas d'essence industrielle. Pourtant c'est une industrie, au sens d'une vaste et complexe machine à produire. Mais elle ne produit pas seulement des désirs et des besoins...