"Que vaut la nature pour l'homme?" 2/3
Au delà des mots...
La valeur est une notion à la fois matérielle et immatérielle. Valoir, c'est avoir de la valeur. Dans un premier temps, on peut évoquer la valeur au sens d’utilité matérielle ou de considération morale. L’exemple de l’esclave et du maitre est d’ailleurs très révélateur sur toute l’équivocité que peut véhiculer ce terme. En effet, si le maitre n’a généralement que peu de considération morale pour son esclave, il lui reconnait toutefois une grande valeur utile, que nous avons peu à peu transmutée en une valeur marchande. Voilà ce qui a permis, par exemple, aux instances de l’O.N.U d’avancer régulièrement une valeur monétaire à la biodiversité mondiale, il me semble, pour justifier sa valeur aux nations unies. La valeur morale de la biosphère et de la géomorphologie de notre planète est-elle aussi facilement quantifiable?
Personnellement, qu’il soit religieux ou non, le cliché d’une nature offerte à l’entière disposition de l’humanité ne peut me satisfaire, ni correspondre à mon approche du Message ou d’une toute Révélation. notamment en matière d’écologie et de conception de l’environnement. Encore moins la vision capitaliste ou marxiste de l’intrinsèque propriété de l’humanité sur tout ce qui l’entoure et ne peut lui résister. Ce qui a un prix n’a pas forcement d’autre valeur pour celui qui le consomme ou le produit…
Définir la valeur de la nature sans lui reconnaitre des vertus morales ou spirituelles, cela risque de ressembler à une vision toujours plus colonialiste de l’environnement planétaire. Les plantes pensent, cela est prouvé par la science ; et tant d’animaux, sauvages ou non, nous étonnent par leurs expressions évidentes d’émotions; D’autant que la corrélation entre des qualités animales et des natures humaines ont toujours été présentes dans nos cultures. Nombre de phénomènes naturels sont des expressions confirmant la nature divine de l’univers pour des milliards d’êtres humains vivants sur terre. Tous nos contes, nos mythes, nos arts, nos innovations sont le produit de nos environnements et, souvent, ce qu’on appelle la nature y joue un rôle prédominant. Quel prix en dollar ou en euro peut-on fixer à toute cette valeur immatérielle sans la rabaisser à une échelle purement de logique consumériste et d’industrie de masse ?
Que vaut la nature ? Mais qu’est-ce que la nature, au fait ? N’importe qui admettra qu’il sera impossible d’évoquer en un paragraphe cette question. Disons que le plus cuisant des lieux commun à ce propos me parait être également le principal son de cloche –de glas- qui raisonne un peu partout à travers le monde civilisé , donc qui n’est plus sauvage : la nature, sauvage ou non, c’est tout ce qui n’est pas humain ; et, donc, qui ne peut être doté de la capacité d’agir autrement que par instinct.
Pour moi, et tant d’autres, un individu ou une collectivité humaine, ne sauraient se démarquer de leur environnement, malgré cette particularité sur le reste de ce qui les entoure et les influence. Existe-t-il, au passage, une seule nature ? N’y a-t-il pas autant de natures humaines ethniques qu’il y a de natures d’écosystèmes et de climats sur terre ? Un Kabyle a beaucoup plus de chance de s’adapter au quotidien d’un Auvergnat ou d’un Alsacien, il me semble, que ces derniers de supporter le climat de rigueur pour un sahraoui algérien…
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